Anticipez les coups (coûts!)

2023 est encore jeune mais l’horizon n’est pas encourageant. Marchés sens dessus dessous, récession, inflation et autres surprises. Anticipez les coups (coûts!) grâce à notre revue économique en compagnie de Sébastien Mc Mahon.

Ashleay : Bienvenue au balado À vos intérêts! de iA Groupe financier, où l'objectif est de vous partager l'essentiel de l'actualité économique et de ses impacts sur vos finances. Mon nom est Ashley et, cette semaine, on fait le tour de l'actualité économique avec comme toujours Sébastien Mc Mahon, notre stratège en chef et économiste sénior. L'année 2023 est encore toute jeune et il me semble que ça brasse sur les marchés. Après une année mouvementée en 2022, nos auditeurs auraient certainement préféré un retour au calme. Sébastien, peux-tu essayer de nous résumer les grands thèmes en jeu depuis le début de 2023?

Sébastien : Salut Ashleay. Ça ne sera pas facile de résumer le début 2023 et, tu as raison, ça brasse depuis le début de l'année, mais ça a brassé vers la hausse, donc les gens peuvent penser Ah! c'est le fun, le portefeuille a rebondi et tout, mais quand on parle qu'en janvier, le Nasdaq, l'indice américain qui est plus lié aux technologies, qui a fait près de 15 %, ou du moins il était en hausse de près de 15 % quelque part en février, bien, tu sais, c'est de la volatilité. Puis, je dirais que, malheureusement, l'inflation, ça demeure un thème central. Puis, je te dirais que le scénario idéal pour les marchés, je parle vraiment juste pour les marchés ici, ça aurait été de voir que les données économiques continuent de se détériorer, qui indiquent que l'inflation est en train de ralentir, puis que là, on peut avoir un peu plus de certitude comme quoi la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine probablement vont arrêter de hausser le taux directeur, puis le problème de l'inflation, c'est réglé, on se secoue les mains puis on dit : « Parfait. Maintenant, on a une bonne base pour plus tard en 2023. » Ça, ça aurait été l'idéal pour, disons, avoir des marchés relativement calmes, mais là, ce qu'on voit depuis le début de l'année, malheureusement, c'est que, bien, l'inflation semble être un peu plus ancrée qu'on le pense. Les banquiers centraux parlent beaucoup des hausses des salaires qui sont plus fortes que ce qu'ils aimeraient voir. Puis là, on s'entend qu'il y a aucun problème à ce qu'une compagnie donne plus d'argent à ses employés. Puis, il y a aucun problème à ce qu'un employé demande d'être compensé pour l'inflation. Là, ce n’est pas ça le point, c'est que le travail des banques centrales, c'est de faire ralentir l'économie assez pour venir rebalancer tout ça, pour qu’il n’y ait plus besoin de compenser pour l'inflation qui est forte. Donc, on est encore là-dedans. En début d'année, je te dirais que le marché obligataire, le marché des actions ‒ le marché boursier ‒, les deux ont semblé avoir un brin d'optimisme qui a poussé à la hausse les taux d'intérêt, qui a poussé à la hausse le marché boursier. Mais là, au moment où on enregistre ceci, on arrive à la fin de la période des REER, puis on voit que oups! il y a une petite dose de réalité qui frappe les marchés. Ça frappe peut-être un peu plus vite les obligations que les actions. Mais nous, de notre côté, ça fait longtemps qu'on dit que dans nos stratégies de fonds diversifiés, on garde un billet vers la prudence. Bien, on est encore là, encore, aujourd'hui, même si le début de l'année, ça a été un peu plus un vent de face pour nous autres, être peut-être défensifs avec les marchés qui montent, on continue de penser que probablement, malheureusement, bien, les marchés, on continue de penser qu'on pourrait aller retester les creux d'octobre dernier, mais c'est juste notre vue. C'est pas une certitude, c'est juste notre vue.

Ashleay : Parfait, ça. Ok, oui je comprends. Puis les marchés ont été volatils, à la hausse comme à la baisse, autant pour les actions que les obligations que les devises. Qu'est-ce qui peut expliquer tout ça?

Sébastien : Bien, c'est ça des marchés quand ça bouge. Bien, tu sais, l'économie, elle va, elle va, les données économiques sortent, tout le monde voit les mêmes données, les banques centrales font ce qu'elles ont à faire, puis tout le monde écoute les banques centrales. Donc, après ça, ce qui fait bouger les marchés, bien sûr, c'est le positionnement des investisseurs puis les anticipations vers le futur. Donc, on a des surprises à chaque jour, on a des données qui nous sont bombardées. Puis, ce qu'on a vu depuis le début de l'année, c'était que, j'ai dit nous, on était défensifs, on demeure défensifs encore, on n'était pas les seuls à être défensifs en fin d'année 2022. Il y avait beaucoup d'investisseurs qui l'étaient et on peut le voir dans les données. On a des données qui disent le positionnement général des investisseurs de détail, monsieur et madame Tout-le-monde, les grands investisseurs institutionnels, les fonds spéculatifs, les hedge funds de ce monde. On peut voir tout ça. Tout le monde était très défensif en début d'année, quelques bonnes surprises sont sorties dans les données économiques. Puis là, tout d'un coup, le sentiment s'est amélioré. Ça fait boule de neige, puis les gens vont, bien là, commencent à rattraper, commencent à racheter des actions. Donc, ça pousse les marchés à la hausse. Puis, même du côté des petits investisseurs, tu sais, tu le sais, on fait beaucoup de marketing, beaucoup de sorties chez iA, puis moi, j'en fais beaucoup personnellement. Puis je commence à réentendre parler depuis un petit bout de titres technologiques, de titres spéculatifs, de crypto monnaies, de NFT. J'en entends parler beaucoup. Donc, on voit qu'il y a un regain vers ces choses-là. Nous, on continue de penser que quand on voit un regain d'intérêt envers les titres spéculatifs dans un environnement qui est plus fragile, on voit que c'est un marché justement qui est encore en train de se fragiliser davantage. Puis, tu sais, pour donner un exemple à quel point ça peut être violent ces mouvements-là, bien le positionnement des investisseurs de détail, monsieur et madame Tout-le-monde, qui n’avaient pas beaucoup d'actions qui se sont mis à en racheter beaucoup en début d'année, puis ils ont acheté des choses plus spéculatives. Ça a fait en sorte que ça a fait pousser le Nasdaq à la hausse. Puis, les grands fonds d'investissement mondiaux, ils avaient tendance à être sous-pondérés, même à avoir vendu à découvert ces titres-là. Donc […] les titres poussent, ils ont besoin de couvrir ces positions-là en en rachetant. Donc, ça a poussé à la hausse de façon assez rapide, les titres, donc le Nasdaq, qui a poussé beaucoup. Donc, c'est tout un début d'année qu'on voit et de façon intéressante, bien, ce qui a mal fait en 2022 a très bien fait en début d'année, ce qui a très bien fait en 2022 fait mal en début d'année, mais là on voit cette espèce de consolidation là à la hausse. Donc, je dirais que tant mieux, si vous avez fait des rendements depuis le début de l'année, c'est excellent. Prendre des profits, il n’y a jamais personne qui s'est mis pauvre à prendre des profits. Puis, surtout quand l'environnement est incertain, bien d’être discipliné, d'être prudent, ça a plein de bon sens.

Ashleay : Là, tu as mentionné les ventes à découvert. Est-ce que tu peux expliquer pour monsieur et madame Tout-le-monde ça ressemble à quoi?

Sébastien : Oui, oui, la vente à découvert, vous pouvez faire ça vous aussi si vous avez un compte de courtage, mais c'est pas le compte de courtage de base. Là, il faut avoir des frais supplémentaires pour avoir un compte plus sophistiqué. Mais ce qu'on peut faire, c'est qu'on peut vendre un titre qu'on ne possède pas. Donc, dans le fond, ce qu'on fait, c'est qu'on fait un pari qu’un titre va baisser. Donc, en termes très techniques, ce qui se passe, c'est que le courtier, si vous faites affaire avec une firme courtage, elle, ce qu'elle va faire, c'est qu'elle va emprunter le titre à quelqu'un d'autre, va vous le donner, vous allez le vendre et, après ça, bien, si le prix du titre baisse, bien vous allez le racheter plus bas, vous allez garder l'argent que vous avez fait entre les deux. Sauf que si le titre va à la hausse, par contre, bien là vous perdez de l'argent. Puis, vous pouvez être forcé par le courtier à un moment donné de dire : « Ok, ça a assez monté. La personne à qui on a emprunté le titre veut le ravoir. » Ça fait que tu es obligé de racheter aujourd'hui plus haut que tu l'as vendu, donc tu perds de l'argent. Donc, c'est un peu l'inverse d'acheter des actions, c'est de vendre des actions à découvert. Puis, c'est une stratégie qui est très porteuse. Les hedge funds de ce monde ont tendance à utiliser beaucoup; on achète quelque chose, mais on vend quelque chose d'autre à découvert, puis on fait comme un pari que tel truc va surperformer, tel autre truc. Donc, on est capable d'aller chercher, tu peux aller chercher un profit en faisant ça.

Ashleay :  D'accord. Pour le reste de l'année, avec l'information qu'on a reçue, est-ce qu'on pense que ça va être volatil le reste de l'année ou non?

Sébastien : Bien, il y a toujours de la volatilité, puis c'est sain d'avoir de la volatilité dans un marché, mais on pense qu'on pourrait avoir quand même un peu plus de volatilité qu'à l'habitude en 2023, juste basé sur les dernières données sur l'inflation. Les marchés s'étaient positionnés pour que le combat contre l'inflation soit à peu près terminé au Canada, qu'on achève du côté américain. Et puis là, on est en train de réviser ces attentes-là. La Banque du Canada, elle, pourrait sortir de sa pause dès avril. C'est tout à fait possible. Est-ce que ça va être pour une autre hausse ou pour une nouvelle série de hausses? On ne sait pas encore aujourd'hui parce qu'on voit que l'inflation demeure résiliente. Et on voit que l'économie est plus résiliente qu’attendu. Parce que les effets de la politique monétaire, ça se matérialise, mais avec un délai. Puis ce délai-là est assez incertain. Donc, au début, là, on voit que le marché immobilier est en train de ralentir, ça on le sait, mais l'impact sur l'effet de richesse des ménages, on se sent moins riches parce que le prix des maisons baisse même si on n'a pas vendu notre maison, bien généralement ça, après ça, ça veut dire qu'on a moins de confiance, on achète moins, on emprunte moins, l'économie ralentit, puis là on fait boule de neige. Bien ça, à quelle vitesse ça se produit? Ça, c'est toujours différent. Puis, probablement qu'on était un peu optimistes en pensant que ça allait se passer vite. C'est un drôle d'optimisme de penser que l'économie va ralentir prochainement, mais quand même, on se retrouve dans un environnement qui est incertain. Puis, s’il y a une chose que les marchés n'aiment pas, c'est l'incertitude. Donc ça, ça crée de la volatilité. Mais la mauvaise nouvelle, c'est que probablement que les taux vont continuer d'augmenter. Donc, la Banque du Canada, ça devrait s'en venir avec d'autres hausses de taux. Mais la bonne nouvelle, c'est que par contre, bien, la récession qu'on pensait dire récession probable, mais peu profonde en 2023, bien probablement que la récession, on pourrait l'éviter en 2023. Puis là on entend beaucoup d'analystes dans le moment dire : « Ah! la récession est certaine, est inévitable et tout. » Nous, nos analyses suggèrent que les probabilités vont baisser beaucoup en 2023. On s'attendait à 80 %, à peu près trois chances sur quatre. Maintenant, on est plus entre 30 et 50 %. Là, une chance sur deux, une chance sur quatre. On est rendus là. Mais ça veut dire par contre que les probabilités de récession en 2024 viennent d'augmenter beaucoup. Parce que si l'économie va mieux, là, puis la banque centrale dit : « Oh! ça va trop bien, l'économie, il faut absolument que je la ralentisse et que je combatte l'inflation. » Bien probablement que c'est 2024 qu'il va écoper. Donc oui, éventuellement, il y a une récession qu'on pense qui va s'en venir. Est-ce qu’elle va être profonde ou non? Ça va dépendre du marché du travail et de tout ce qu'on a déjà discuté par le passé plusieurs fois. Mais récession imminente? Je pense qu'il faut réduire de beaucoup les probabilités, ce qui fait qu'il y a de bonnes nouvelles qui cachent une mauvaise nouvelle, mais ça, ensemble, ça sonne volatil pour les marchés.

Ashleay : Je comprends. Eh bien, merci Sébastien de ton partage, c'était super, et à tous les auditeurs, merci d'avoir été là et on vous dit : « À la semaine prochaine! ». Vous avez aimé cet épisode et vous aimeriez en apprendre davantage sur l'actualité économique? Abonnez-vous à notre balado À vos intérêts! disponible sur toutes les plateformes. Vous pouvez aussi visiter la page Actualités économiques sur ia.ca et nous suivre sur les réseaux sociaux.

À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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2024-05-14 12:41 HAE
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