Quel est le pire ennemi de l’investisseur?

Les effets du cycle des émotions des investisseurs sur le marché boursier sont bien connus. On en discute avec Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior chez iA Groupe financier.

Ashleay : Bienvenue au balado À VOS INTÉRÊTS! de iA Groupe financier, dans lequel on discute de l'essentiel de l'actualité économique et de ses impacts sur vos finances, en moins de dix minutes. Dans cet épisode, on s'intéresse aux pires ennemis de l'investisseur. Mon nom est Ashleay. Je suis en compagnie de mon collègue Sébastien Mc Mahon, stratège en chef et économiste sénior chez iA Groupe financier. Bonjour Sébastien.

Sébastien : Bonjour Ashley.

Ashleay : Donc, de quoi doit-on se méfier?

Sébastien : L'investisseur doit se méfier de lui-même et de ses émotions. Tu sais Ashley, on fait tous face aux mêmes marchés. Les marchés, ce sont des cycles; ça monte, ça descend. Puis, en tant qu'humain, ce qui est difficile, c'est de gérer ses propres émotions à travers ces cycles-là dans les marchés. Donc, on vit ce qu'on peut appeler « le cycle des émotions » en même temps que le cycle des marchés. Les marchés ont tendance à aller bien et, quand ils vont trop bien, il y a des émotions qui peuvent nous causer des pièges. On peut passer de l'impatience, car on veut que les rendements soient encore meilleurs, à l'enthousiasme ou, même, à la confiance excessive. Je pourrais l'illustrer comme un des pires sentiments pour l'investisseur. Il va avoir l'impression qu'il y a un party, que tout le monde est invité, sauf lui. Donc, il essaie de forcer la porte pour entrer. Souvent, c'est à ces moments-là que l’on fait les pires erreurs, comme acheter des actifs spéculatifs dans le haut des bulles. Ensuite, quand les marchés commencent à redescendre, parce que les marchés, c'est cyclique, c'est tout à fait normal, on tombe dans d'autres émotions qui peuvent nous nuire, comme le déni. L’investisseur va penser que ça va revenir, mais ensuite, c’est le regret. Il dit : « Mais tu sais, j'ai acheté à ce prix-là, je pense que ça pourrait revenir. Je vais rester dans des tendances qui sont en train de se renverser. », jusqu'à ce qu'on arrive au moment où on est dans le creux des marchés où il y a de la panique et du désespoir. C'est à ce moment-là qu'on se dit : « Ça a assez reculé, j'ai assez perdu d'argent, donc je vends. » Les gens ont tendance à cristalliser leurs pertes. La morale de l'histoire, c'est que tous les investisseurs, s'ils sont assis sur leur divan, un soir, et qu’ils prennent un verre de vin et discutent des marchés, se disent : « Ah! moi, je suis un investisseur à long terme, je suis là pour le long terme. » Tout le monde comprend ça. Mais en réalité, le long terme, c'est fait de plusieurs épisodes de court terme. C'est dans ces petits épisodes de court terme que les pièges ont tendance à se cacher.

Ashleay : Effectivement, c'est facile de se convaincre que l'investissement, c'est à long terme, mais en réalité, c'est facile de tomber dans le piège et de modifier nos placements lorsqu’il y a un événement qui déclenche nos émotions et qui nous donne le goût de vendre nos actions. Mais pourquoi opter pour des placements à long terme? On parle souvent de ça. Peux-tu élaborer?

Sébastien : Oui, les probabilités de perdre de l'argent à long terme sont très, très, très faibles. Prenons un exemple. Je vais me baser sur la Bourse américaine parce qu'on a des données qui datent depuis longtemps. Si on regarde toutes les périodes d’un an, chaque année depuis 1950, du côté du S&P 500, la meilleure année, c'était 47 % et la pire année, c'était moins 39 %. Donc à court terme, de la volatilité, il y en a. Mais si on commence à regarder à un petit peu plus long terme, sur des horizons de 5 ans, c’est-à-dire sur tous les horizons de 5 ans dans les 70 dernières années, disons qu'on commence à calculer en 2000 jusqu'à 2005, ensuite, de 2001 jusqu'à 2006. On vient jusqu'en 2022. On constate que le meilleur rendement annualisé sur 5 ans à la Bourse, c'était 28 %. Et le pire, c'était moins 3 %. N'oubliez pas que le chiffre que je viens de donner pour un an, c'était moins 39 %. Donc, sur 5 ans, on est à moins 3 %. Si on fait le même exercice sur des périodes de 10 ans, le pire rendement annualisé sur une période de 10 ans pour les actions américaines depuis 1950, c'était moins 1 %. Si on regarde des fenêtres de 20 ans, le pire qu'on a vécu sur 20 ans, c'est un rendement annualisé de 6 %. Quand on a un horizon de long terme, oui, il y a de la volatilité en cours de route, mais pour atteindre nos objectifs financiers, généralement, c'est la chose à faire de garder nos placements investis.

Ashleay : Merci Sébastien. Donc quels sont tes conseils pour nos auditeurs?

Sébastien : Le premier conseil, c'est le plus important de tout. Il se rattache à ce que je vous disais sur les émotions, c’est-à-dire que le meilleur placement, c'est celui qui ne vous empêche pas de dormir. C'est important d'être honnête envers soi-même, et de ne pas surestimer sa tolérance au risque. Quand on fait notre profil d'investissement, il faut se poser les bonnes questions. Il ne faut pas penser que nécessairement, moi, je suis capable de passer à travers le cycle des émotions si ce n’est pas le cas. Dans ce temps-là, il faut peut-être avoir des placements qui sont un peu plus ajustés à notre profil. Le deuxième conseil, qui est tout aussi important, c'est de parler à votre conseiller financier. Il n'y a rien de mieux qu'un conseiller financier pour bien nous guider. Et, aussi, si on a à parler à notre conseiller financier pour prendre des décisions, ça enlève la possibilité de prendre des décisions impulsives. On a tous nos téléphones intelligents dans nos poches. C'est facile de dire : « Je suis découragé cet après-midi, je vends. » S'il faut prendre le téléphone, parler à notre conseiller financier, on peut se protéger un peu mieux de nous-mêmes. Si vous gérez vos placements seul, si vous n'avez pas de conseiller financier, je vous encourage très fortement à remplir un profil d'investisseur.

Ashleay : Oui, et ça, c'est malgré le fait qu’il y a des frais de liés à un conseiller financier, finalement.

Sébastien : Oui, tout à fait. Même si on paye le conseiller financier pour le service qu'il nous rend, c'est tout à fait normal. À long terme, on se rend compte que les investisseurs qui ne font pas affaire avec un conseiller financier ont tendance à avoir des rendements qui sont beaucoup moindres en moyenne que ceux qui font affaire avec un conseiller financier. Ça vaut la peine, ça vaut le coup.

Ashleay : Puis, est-ce que toi, tu gères tes propres fonds?

Sébastien : Moi, je ne gère pas mes propres fonds. Moi aussi je fais affaire avec un conseiller financier. J’ai le beau rôle parce que je peux investir dans des fonds que je gère de façon professionnelle. Cependant, je veux moi aussi me protéger du cycle des émotions. Quand on gère des portefeuilles comme je le fais, on gère des placements pour des clients, on a des processus qui sont très exhaustifs, donc on est détaché des émotions. Mais je me dis : « Pourquoi ne pas en profiter et investir dans mes propres fonds? »

Ashleay : Absolument. Merci Sébastien pour ton partage de connaissances et ton temps. Vraiment très intéressant. Donc un investisseur saura à quoi songer dans l'avenir pour pleinement profiter de ses placements.

Sébastien : Merci Ashley.

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À propos

Sébastien possède près de 20 ans d’expérience dans les secteurs privé et public. En plus de son rôle de stratège en chef et d’économiste sénior, il est également gestionnaire de portefeuilles chez iA Gestion mondiale d’actifs et membre du comité d’allocation d’actifs de la société. Ces fonctions lui permettent d’exprimer sa passion pour les chiffres, les mots et la communication. Sébastien agit en tant que porte-parole de iA Groupe financier et conférencier invité sur les questions qui touchent l’économie et la finance. Avant de se joindre à iA en 2013, il a occupé divers postes dans le secteur de l’économie à l’Autorité des marchés financiers, chez Desjardins et au ministère des Finances du Québec. Sébastien est titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en économie de l’Université Laval et détient le titre de CFA.

Sébastien Mc Mahon

Vice-président, allocation d'actifs, stratège en chef, économiste sénior et gestionnaire de portefeuilles

Ce balado ne doit pas être copié ou reproduit. Les opinions exprimées dans ce balado reposent sur les conditions actuelles de marché et peuvent changer sans préavis. Elles ne visent nullement à fournir des conseils en matière de placement. Les prévisions données dans ce balado ne sont pas des garanties de rendement. Elles impliquent des risques, des incertitudes et des hypothèses. Bien que ces hypothèses nous paraissent raisonnables, il n’y a aucune assurance qu’elles se confirment.

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2024-05-15 12:32 HAE
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